Nous avons besoin d'aide !

 

Nous sommes un collectif de citoyens et d'associations réunis pour préserver de la destruction la Maison Mauresque de Pessac et son parc-jardin, qui pour nous sont comme un bijou dans son écrin de verdure, derniers rescapés du Domaine du Château de Saige Fort-Manoir, témoignage de ce qu'était encore Pessac quand Claude Saint-Orens la nommait "la perle des banlieues", oasis entre la cité HLM avec ses 8 tours de 17 étages, ses barres d'immeubles, ses parkings, et le bruit et la fureur de la circulation automobile et des embouteillages d'un grand rond-point et de ses avenues, de la rocade avec la bretelle de la route d'Arcachon et du pays Basque, un poumon au milieu de la pollution !

Elle est vraiment exceptionnelle dans ce quartier d'habitat social, une fleur au milieu du béton, et les habitants y sont très attachés.
Eusebia Paredes, voisine de la Maison Mauresque depuis 40 ans, souligne sa "chaleur", en opposition à la "froideur de la modernité"; réfugiée politique, elle s'est enracinée à Saige et s'est appropriée "de coeur" la Villa Bengali (autre nom de la Maison Mauresque). Sur le chemin de l'école Edouard Herriot, ses enfants lui demandaient ce qu'il y avait derrière le mur d'enceinte; elle les soulevait, afin qu'ils puissent voir et s'exclamer : "qu'elle est belle !"

Fabienne Dulac aussi a été scolarisée à Edouard Herriot, la cour de la maternelle donnait sur la Villa : pour les enfants, c'était un Château, le Palais magique de la Princesse ! Elle-même a passé quelques jours dans la Villa, dormant dans le grenier aménagé, et surtout jouant dans la "forêt de bambous". Cette Villa et son parc ont nourri son imaginaire de petite fille, ainsi que celui de générations d'enfants. Elle continue aujourd'hui à faire rêver grands et petits, a générer des émotions : en cela, comme une oeuvre littéraire, qui survit à son auteur, elle appartient, "de coeur" comme dit Eusebia, à qui la regarde et l'aime. Laissons-la nous survivre !

Un ancien habitant de la Villa raconte : Il fallait franchir un petit pont au-dessus du « Serpent » pour accéder à la Villa Mauresque et à son parc (de 4 hectares 1/2 à l'époque, avec 2 fontaines), où il a vécu avec ses parents, éleveurs de poules pondeuses, de 1958 à 1963 (avec une interruption de 2 ans 1/2 pour cause de service militaire en Algérie ...), 25 avenue de Saige. Ceux-ci l'avaient achetée à Maître Chaumet. Celui-ci continua par la suite à venir de Bordeaux en vélocipède pour boire l'eau des fontaines, réputée pour ses vertus. Leurs voisins étaient un neveu de Jean Moulin, propriétaire du Château et du Domaine de 11 hectares de Saige Fort-Manoir jusqu'à son expropriation en 1961, et Monsieur et Madame V... qui habitaient la maison du gardien à l'entrée du domaine. La villa avait l'eau courante grâce à un réservoir en fer de 2000 litres situé en haut de la tour sous le toit en ardoises, alimenté par un puits derrière la maison et une pompe "crapaud" en fonte actionnée par un cheval. Il y avait à l'intérieur un bel escalier en pierre avec une rampe en ferronnerie, un beau séjour, de belles choses, les plafonds des chambres étaient ciselés de rosaces en plâtre de 80 cm. Au-delà du Domaine de Saige il y avait le Château Bersol et la Base de l'Armée américaine. La rocade n'existait pas encore, le ruisseau du Serpent n'était pas busé.

Madame V... a vécu douze ans dans la maison du gardien du Château du Domaine viticole de Saige Fort-Manoir, qui n'était séparée de la Villa Mauresque que par des bambous, vendus aux pêcheurs. Un des fils de fer qui lui servaient à étendre le linge est toujours accroché au grand platane : "on n'avait pas l'eau courante, il fallait aller chercher l'eau à la fontaine (aujourd'hui disparue), mais on était bien!". Elle a vécu aussi dans la maison du gardien du château de Bellegrave : elle et sa soeur ne se sont jamais remises de sa démolition ! Elle a évoqué avec beaucoup d'amertume le pillage du Château et des chais qu'elle m'a décrits avec leurs grosses poutres et parements en chêne, etc ... Sa maman avait été Rosière en 1933.

Josette Vignaux a déclaré à Monsieur le Maire de Pessac, Franck Raynal, avec beaucoup d'émotion, lors de la réunion publique du 12 mai : "Pourquoi n'aurions-nous pas droit, nous aussi, habitants de ce quartier populaire, à la beauté ? C'est la beauté qui sauvera le Monde !"
La Maison Mauresque, construite en 1854, est pour nous un fleuron de notre histoire et de notre patrimoine, un témoignage de la sensibilité, de l'intelligence des habitants de ce pays, qui nous ont précédé sur cette terre.

Un témoignage de leur savoir-faire, du goût pour la polychromie des beaux matériaux de construction de l’époque, à opposer à la monochromie de maintes constructions ... souvent gris béton ... ou peinture blanche ... La Maison Mauresque est pour nous, dans ce quartier où cohabitent plus de quarante nationalités, un symbole d'une mondialisation heureuse possible, dans laquelle on peut échanger le meilleur ... elle fait rêver à des horizons lointains ... Cette "Maison Mauresque - Guignard", 4 avenue du Maréchal Juin à Pessac, parcelles 318HA113 et 318HA79 a été construite en 1854.


Lors de l'élaboration du PLU3.1, une protection sur la maison - B2252 - et les arbres du parc-jardin (platanes, séquoias) - P3503 - a été prévue et notée par l'agence d'urbanisme de Bordeaux Métropole (a'urba) sur la version arrêtée de ce PLU3.1.

Ce site est dans la continuité de la trame du ruisseau "Le Serpent", qui bénéficie d'une protection spécifique. Le 9/11/2015, dans ses observations sur la version arrêtée du PLU3.1, le Conseil municipal de Pessac a demandé la suppression de la protection bâtie B2252 Maison Mauresque - Guignard 4 avenue du Maréchal Juin - Pessac (page 7/18 du document imprimé le 23/10/2015).

Cette suppression de protection sur la maison Mauresque sera votée en Conseil métropolitain le 16/12/2016 (page 25 - 1ère révision du PLU de Bordeaux Métropole - Liste des évolutions post enquête publique), "pour permettre l'évolution de la propriété".
Onze jours plus tard, le 27/12/2016, un permis de construire n° 33318 16Z 1175 a été accordé au promoteur immobilier Nexity, pour une démolition totale de la maison existante et de deux entrepôts, et la construction d'un immeuble de 58 logements collectifs en R+4 avec 58 places de stationnement.

L'Amicale des locataires de Formanoir a envoyé une lettre de demande de recours gracieux le 18 mai, à la Mairie et à Nexity.

La plupart des gens ont été alertés fin mars quand Nexity a installé sur place son bureau de vente et ses gigantesques panneaux publicitaires, et ont pensé qu'il n'y avait plus rien à faire. Un Collectif s'est tout de même constitué et a commencé à agir : pétition, réunions publiques, recueil de témoignages (en particulier de spécialistes attestant de l'intérêt architectural et patrimonial de la Maison, de l'intérêt écologique du parc-jardin), articles dans la presse, reportage France 3, soutien de personnalités (politiques, artistes, scientifiques, écrivains, curé ...), mise en évidence du très fort attachement des habitants à cette Maison Mauresque.